Adeline Debaene-Kiesecoms
(1904-1986)
La photographe Adeline Debaene-Kiesecoms documente la vie dunkerquoise. De son travail entre les années 1940 et 1957, nous sont parvenus 500 rouleaux qui contiennent quelques 15000 vues.
Formée aux Beaux-Arts, elle travaille le dessin en même temps que la photographie dès les années 1920. Elle a trente-cinq ans à la déclaration de la guerre. Présente à Dunkerque, elle photographie, constate l'instant saisi dans son humanité tragique. Elle scrute la vie qui continue dans les caves où l'on s'entasse en priant Dieu que la bombe tombe plus loin, dans les rues où l'on court vers l'abri, dans le bistrot resté debout où l'on se rassure, aux fenêtres où l'on voit défiler les chars tandis que les gens essaient de vaquer à leurs occupations. Photographier n'est pas neutre: alors qu'elle se croit à l'abri d'une fenêtre, elle reçoit une balle dans le chignon ! Arrêtée par l'armée allemande, un officier bienveillant lui déclare : « Il y a la loi et l'esprit de la loi » et l'autorise à photographier. Ainsi avons-nous quelques clichés de soldats allemands dans l'intimité du bureau, caressant avec tendresse leur petit chien ...
La guerre finie, les amis se retrouvent autour d'Adeline (le sculpteur Maurice Ringot, les architectes Jean Morel et André Neuville, le chirurgien Jean Villette, le poète Jean Deconinck avec qui elle créera l'association «L'Amitié par l'Art» ...) et son époux Stéphane Debaene qui disparaît en 1946. Dès lors photographe professionnelle, Adeline «fixe» les familles et, son fidèle Leica en bandoulière, parcourt ce qui l'entoure avec un regard aigu et bienveillant. Échappant à l'anecdote, elle saisit l'histoire qui a commencé avant le cliché et se poursuit au-delà. Ombre et lumière, émanant l'une de l'autre, y créent une grâce des gestes surpris. Plus artiste que reporter, Adeline Kiesecoms nous laisse ainsi 15 000 instantanés d'une époque, aujourd'hui conservés aux Archives de Dunkerque.