Le carnaval féminin
Le carnaval de Dunkerque, souvent représenté par la figure emblématique du tambour-major menant la « bande des pêcheurs », ne se conjugue pourtant pas qu’au masculin.
« Un personnage féminin important et respecté »
La femme est bien présente dans le carnaval (costumes, travestissement, chansons…) bien qu’elle y soit souvent tournée en dérision. Il existe cependant un personnage féminin important et respecté, c’est la cantinière. Héritière aussi de traditions de l’armée, elle abreuve les musiciens de la clique à l’image de celle qui tenait la cantine du régiment aux XVIII-XIXes siècles.
Appelée aussi « vivandière » au XVIIIe siècle et sous le premier Empire, la cantinière est à l’origine la femme qui suit son époux dans les convois des Armées à l’époque moderne. Elle blanchit le linge et vend pour subsister nourriture, boissons, produits du quotidien aux soldats. Elle est appelée « cantinière » en 1793 et son statut devient officiel à cette date, alors qu’elle récupère la tâche de gérer la « cantine » des garnisons. Les cantinières deviennent très populaires dans la seconde moitié du XIXe siècle et sont souvent représentées dans la culture populaire (gravures, chansons, romans). On la retrouve par exemple dans des opéras tels que La fille du tambour-major, de Jacques Offenbach.
Sur les traces de la première cantinière
La première trace dans les archives de Dunkerque d’une cantinière accompagnant un tambour-major à la Visschersbende remonte à la fin des années 1930. À partir de 1949, c’est Liliane Vangrevelinghe qui accompagne successivement les tambours-majors des bandes de Rosendaël, Malo-les-Bains, Dunkerque, Petite-Synthe. Elle assure ce poste, aux côtés des célèbres Cô-Pinard II, Cô-Schlock II, Rosval Ier ou encore Goliath III, jusqu’en 1990. Décédée en 2016, elle est restée célèbre dans le milieu du carnaval.
Fille du musicien Joseph Vangrevelinghe, trompettiste -chef de la clique Jean-Bart, elle pratique elle-même la musique depuis son plus jeune âge, au pupitre de saxophone. Elle rejoint l’harmonie de Malo-Rosendaël à une période où encore peu de femmes pratiquent dans cet ensemble musical.
Elle rejoint à 17 ans les bandes des pêcheurs en devenant la cantinière de Goliath III en 1949, tambour-major de Malo-les-Bains, puis de Rosval Ier de Rosendaël. Elle accompagnera nombre d’autres tambours-majors de la Visschersbende, de Dunkerque à Petite-Synthe, pendant 40 ans, comme en témoignent les nombreuses photographies où elle apparait.